C’est pas parce qu’on est des amateurs qu’on ne peut pas se la raconter…
En plus de vous proposer des cours de théâtre géniaux, Acte 2 s’occupe de votre vie sociale !
Régulièrement nous publierons sur le blog notre Minute Culture : quelques mots de vocabulaire technique, une anecdote marrante, un exercice de diction… bref un petit condensé de culture théâtrale, de quoi vous aider à briller dans les diners en ville, voire même de draguer ! (Avouez-le, on sait que c’est aussi pour ça que vous vous êtes inscrit).
Pour cette grande première, nous sommes intéressées à une superstition : Merde !
Merde !
Avant toute chose, sachez que vous ne devez jamais dire « bonne chance » à un acteur sous peine de le voir se liquéfier, imaginant déjà qu’il va oublier son texte, craquer son costume et se retrouver nu sur scène sous les hurlements moqueurs du public…
Au théâtre comme ailleurs souhaiter bonne chance porte malheur.
Non, au théâtre on dit : Merde !
Oui mais pourquoi ?
(C’est là où vous allez briller à la machine à café !)
A l’époque du théâtre Classique, on venait au théâtre en calèche. Le temps de la garer en double file, vos chevaux faisaient généralement leurs besoins devant le théâtre.
Du coup, le crottin pouvait vite recouvrir la place si la pièce avait du succès.
On s’est alors mis à utiliser l’expression « Merde » pour souhaiter aux comédiens de faire salle comble !
Aujourd’hui on dit « Merde ! » voire « Un gros merde ! » ou bien juste « M… » ou le « Mot de cinq lettres ». Certains s’embrassent ou se donnent un coup de pied au cul en le disant (on vous laisse choisir ce que vous préférez)
J’ai connu une compagnie où tout le monde se touchait les fesses en le disant mais je pense que c’était juste un plaisir personnel…
D’accord et qu’est ce qu’on répond?
Attention jeune comédien(ne), ne répond surtout pas « merci » sous peine de passer pour un gros blaireau d’amateur ! Non, il ne faut rien répondre ou alors juste « Je prends ». Et c’est tout !
Et dans les autres pays ?
(Attention on se la joue à l’internationale !)
La french touch
Merde a bien plu aux brésiliens, du coup ils l’utilisent aussi (et le prononcent même en français !)
Le mot a aussi été repris par nos voisins portugais qui se souhaitent Muita merda ! (Un tas de merde !) et les espagnols : ¡ Mucha mierda ! (Beaucoup de merde).
Chez les anglo-saxons c’est cassage de jambes
Vous le savez sans doute déjà, chez les anglo-saxons on dit Break a leg ! (Casse-toi une jambe).
Oui mais pourquoi se « casser la jambe » ?
Il y a plusieurs théorie mais la principale c’est qu’au XIXe siècle les acteurs n’étaient payés que s’ils montaient sur scène (s’il y avait assez de spectateurs dans la salle).
Si l’acteur dépassait les rideaux (qu’on appelaient les « jambes » !! ) et posait le pied sur scène, il était sûr d’être payé.
Quand vous dites Break a leg à votre ami John, vous ne souhaitez donc pas qu’il se pète le tibia mais bien qu’il franchisse le rideau et casse la baraque ! )
Par contre si votre langue fourche et que vous dites « good luck » à John, ne soyez pas surpris de le voir faire trois fois le tour du théâtre, cracher et frapper à la porte pour demander le droit de rentrer. C’est sa seule possibilité pour conjurer la malédiction que vous venez de lui jeter !
Chez les allemands c’est cassage de jambe, brisure de cou et crachat virtuel
Même idée chez nos voisins teutons mais en plus violent, ils vous souhaitent de vous briser le cou et la jambe : Hals und Beinbruch !
Mais ils utilisent aussi l’expression Toï, Toï, Toï ! (répétition de l’abréviation du mot « Teufel » (Diable). Ils touchent éventuellement du bois pour augmenter leurs chances.
Cette expression a été créée au XIXe siècle pour remplacer les trois crachats que l’on a fini par juger indécents (ah bon ?)
Russes, danois, italiens : les bons chasseurs
Du coté des russes, rien à voir, l’expression c’est : Ни пуха, ни пера ! Ca se prononce « Ni poukha, ni pera ! » et ça veut dire « Ni duvet ! Ni plume ! »
(Le premier souhaite au second qu’il n’attrape ni gibier ni gallinette cendrée (il dit ça pour ne pas porter la poisse, en vérité c’est une anti-phrase, il pense le contraire)
Et l’autre répond : К черту ! Prononcé « K tchertou !». Ca veut dire « Au diable ! ». Les théâtreux ont copiés et repris la même expression.
Pareil chez les danois et leur Knæk og bræk ! (Fissure et brisure).
Cette fois-ci les chasseurs espèrent que c’est l’arme qui va se briser et l’animal qui va se couper en deux (pour qu’on puisse extraire la vésicule biliaire qui donne un mauvais gout à la viande) Bon appétit !
Enfin si vous montez sur scène en Italie, vous entendrez : In bocca al Lupo ! (Dans la gueule du loup) auquel il vous faudra répondre : Crepi il lupo ! (Qu’il crève le loup!).
L’expression a aussi été reprise aux chasseurs pour s’étendre à toute personne s’apprêtant à affronter une épreuve, à se jeter dans la gueule du loup !
Côté Australie on préfère un bon gueuleton
Enfin, plus pragmatiques les australiens se souhaitent Chookas !
Là-bas le poulet a longtemps été un luxe car il était très cher. Comme la plupart des artistes étaient payés en fonction du nombre de spectateurs, une salle pleine signifiait que les artistes allaient enfin pouvoir s’offrir une bonne assiette de poulet (de chicken). « Chook it is » a été raccourci pour donner Chookas et utilisé par les artistes pour se souhaiter un bon spectacle.
Et dans votre pays, qu’est ce qu’on dit ?